En 1943, ils sont 12 Colliourencs qui ont franchi les Pyrénées refusant de partir en Allemagne nazie pour le Service du Travail Obligatoire (STO). Deux autres qui n'ont pas atteint vingt ans font de même après avoir eu quelques problèmes relationnels avec l'occupant.
La plupart de leurs sépultures sont réparties dans nos deux cimetières. Le comité de Collioure s'est aperçu qu'une de ces sépultures en déshérence fait l'objet d'une reprise de tombe. En corrélation avec la municipalité, il a été décidé d'apposer sur chacune des tombes de nos évadés la cocarde du Souvenir Français les préservant ainsi de toute destruction.
La pose de cocardes s'est déroulée au cours d'une cérémonie en présence de monsieur le Maire le 31 octobre 2024.
(Hubert Santène a été inhumé à Ravel. François Montargès à Port-Vendres, La cocarde d'Etienne Descarrega sera remis à la famille.)
Discours de Roger Fix Président du Comité Local
Nous allons dans quelques instants déposer une plaque sur les tombes des Colliourencs qui ont refusé en 1943 de servir l'Allemagne et qui pour se faire ont choisi de prendre d'énormes risques en franchissant la frontière gardée jours et nuits par de nombreuses patrouilles accompagnées de chiens. La plupart d'entre eux se sont fait arrêter par les carabiniers espagnols puis ont été enfermés dans dans un camp de sinistre réputation, la Miranda de Ebro. La vie y était très dure. Le manque d'hygiène faisait la part belle aux poux et aux punaises. La faim tenaillait les estomacs. Un seul repas par jour : la soupe aux choux !
Ils ont été sauvés par la Croix Rouge qui contre un sac de blé de 100 kg par homme les ont accompagnés jusqu'à Casablanca où ils se sont engagés dans l'armée de la reconquête : Sallan pour l'aviation, Descarrega pour l'aéronavale, les autres pour la marine : Francis Aloujes et François Coca à bord d'un patrouilleur côtier, le Voltigeur, René Cassagnères et Joseph Péroneille à bord du croiseur Duguet-Trouin, Hubert Santène sur le transport Marie-Louise Leborgne, Jean Vilarem sur le croiseur Emile Bertin, Joseph Azéma à bord d'un sous-marin, Le Narval. Je n'ai pas retrouvé sur quels bâtiments ont servi Henri Fajal, François Montargès et Jean Péralba... ?
Nos Colliourencs ont fait leur devoir de combattant volontaire. Les marins avec leurs bâtiments ont soutenu les troupes débarquées en Italie puis ont été de l'opération Dragoon en août 1944 pour le débarquement de Provence. Descarrega, a bord d'une forteresse B26 a survolé pendant de nombreuses nuits l'Allemagne et sa DCA pour bombarder les points névralgiques. Sallan deviendra pilote de chasse.
En 2004, lors de l'inauguration du rond-point des Evadés de France, je terminais mon allocution par la phrase suivante : Quitte à les bousculer dans leur amour-propre, nous avons voulu souligner l'engagement de nos Colliourencs parce que c'était l'occasion devant tous de leur dire que Collioure, sa population, le maire et son conseil municipal sont fiers d'eux. Quatre d'entre eux étaient présents, Azéma, Descarrega, Santène et Vilarem. Ils sont maintenant tous décédés.
Aujourd'hui veille de la Journée du Souvenir, nous leur rendons hommage en apposant une plaque sur leurs tombes.